Suite à la sortie au mois d’octobre 2018 du manga « A nos amours » tome 3, je me suis dit que ce serait intéressant de rencontrer JP Nishi. Grâce à la mise en contact des éditions Kana et à son épouse Karyn Poupée, cette rencontre a pu avoir lieu à Ginza. Nous lui avons posé les questions suivantes :
Pouvez vous nous expliquer en quoi consiste le métier de mangaka ?
Le métier de mangaka est extrêmement cadencé. On écrit un épisode par mois qui sera publié dans un magazine mensuel.
L’enchaînement est le suivant : en début de mois il faut avoir l’idée générale de son épisode, faire un synopsis et la mettre en mot (enfin en kanji !) puis la faire valider par son éditeur. Ensuite seulement une fois l’épisode validé, vient l’étape du dessin au crayon papier pour moi. Sur le dessin il faut préciser le niveau de gris ce qui permettra aux assistants de coloriser l’image de façon appropriée. Les textes sont indiqués sur une feuille séparée. Ils seront ensuite insérés par l’éditeur.
Tout ceci doit être terminé le 20 de chaque mois : c’est parfois très court ! En ce moment j’écris pour trois magazines japonais : Lettuce Club (deux pages) , France (une page) et Feel Young (huit pages).
Comment devient-on mangaka ?
Au début, si ce métier nous intéresse, il faut répondre aux concours organisés par les magazines. Une fois un prix en poche, il est alors possible de postuler comme assistant de mangaka. En parallèle, grâce au prix du concours, nous avons souvent une proposition de publication pour un épisode court dans le magazine concerné (en rensai). Cela permet de tester la réaction des lecteurs. Si elle est positive alors une publication plus complète pourra être envisagée.
Le tome 3 de A nos amours est sorti en français au mois d’octobre. Quel avait été le retour des lecteurs japonais lors de sa publication ?
Le cœur du lectorat est féminin entre 20 ans et 50 ans, souvent avec des enfants. Quand un épisode a plu aux lectrices, elles le montrent souvent à leur mari. Les commentaires ? Les lectrices sont souvent surprises par les remarques directes de mon épouse, elle dit explicitement ce qu’elle en pense, cela n’est pas vraiment commun au Japon. Par exemple elle n’hésite pas à m’encourager et à me féliciter.
Les manga sont maintenant diffusés sur Line. Du coup le lectorat va évoluer. Il y a assez peu de commentaires sur le fait que nous travaillons tous les deux. Cela devient plus courant dans la société japonaise. Par contre à propos de l’éducation des enfants, le manga donne une image un peu différente des livres classiques.
D’après vous, en quoi le tome 3 se différencie des deux précédents ?
Dans ce manga, qui est le dernier de la série A nos amours, j’ai décidé d’évoquer des épisodes plus graves de la vie : une fausse couche, le viol des mineurs. Cela n’a pas été facile car l’image général doit rester celle d’un livre plutôt divertissant, mais je souhaitais vraiment aborder ces sujets.
A noter : Les livres de la série A nos amours sont disponibles à la librairie Omeisha à Tokyo ou sur Amazon :
A nos amours , tome 1
A nos amours , tome 2
A nos amours , tome 3
A lire également : l’actu Manga de l’automne 2018
Pour terminer, avez-vous trois adresses à recommander à nos lecteurs ?
Comme restaurant, je vous conseille le restaurant Relai Sakura à Setagaya. Je l’évoque dans le manga !
Sinon je vais souvent au Keibajo (l’hippodrome de Tokyo proche de Haneda) avec mes enfants pour voir des courses de chevaux. C’est un spectacle amusant. Pour l’aspect culturel, le 3ème étage du Kabuki est vraiement un bon plan : la place est à 4000 yens et permet de voir un spectacle typiquement japonais.
Merci !
HM