Ivre du Japon, le nouveau manga de JP Nishi

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© by Jean Paul Nishi / SHODENSHA Publishing CO., LTD., 2019

A l’occasion de la sortie du manga de JP Nishi le 7 mai 2021, nous avons eu la chance d’échanger avec Karyn Nishimura, son épouse et en même temps le personnage qui a inspiré Karen.

Nous avions déjà interviewé JP Nishi en 2018 à l’occasion de la sortie du tome 3 de « A nos amours » et évoquer son métier.  Ici nous avons pu interroger Karyn Nishimura à propos du manga et à propos du Japon d’hier et d’aujourd’hui. Oui en 1996…

Une Française atterrit à l’aéroport de Narita… Karen a 26 ans. Elle est née en France et y a grandi. Directrice technique pour une chaîne de télévision, elle choisit une destination plutôt insolite pour passer ses cinq semaines de congés payés : le Japon ! Elle était loin de s’imaginer que ce pays, qu’elle avait choisi un peu au hasard, allait changer le cours de sa vie.

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© by Jean Paul Nishi / SHODENSHA Publishing CO., LTD., 2019

Personnellement je me suis tout fait reconnue dans le « C’est là » qu’énonce Karen à l’arrivée à Narita ou dans la surprise de restaurants sur plusieurs étages.  

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© by Jean Paul Nishi / SHODENSHA Publishing CO., LTD., 2019

Mais place aux questions. Dans l’histoire, il y a parfois des scènes d’échange entre Karen et son mari, avez vous effectivement travaillé à deux sur le projet ? 

JP écrit et dessine seul les épisodes des ses manga, mais dans ce cas particulier, il m’a posé beaucoup de questions car il raconte des scènes antérieures à notre rencontre et auxquelles il n’était pas présent. Donc il se base essentiellement sur ce que je lui ai raconté, mais il est totalement libre de romancer un peu, d’ajouter du piquant, de mettre une touche d’humour, de modifier un peu la chronologie, etc. Je ne le censure pas.

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© by Jean Paul Nishi / SHODENSHA Publishing CO., LTD., 2019

Ce tome a-t-il également fait l’objet de publication dans les magazines japonais ? Si oui quelle a été la réaction des lecteurs ? 

Il y a en effet eu une pré-publication épisode par épisode dans le magazine mensuel de manga Feel Young, essentiellement lu par des jeunes femmes et qui ont généralement beaucoup apprécié de voir leur pays et leur société à travers les yeux d’une étrangère, d’une Française dont les centres d’intérêt et le mode de vie ne correspondent pas nécessairement à l’image qu’elles se font de la Parisienne.

On découvre l’installation de Karen au Japon, le mariage et l’arrivée des enfants. JP Nishi a t il voulu montrer que c’était possible ( pas toujours facile comme on le voit dans certaines scènes) de travailler et d’avoir des enfants. Il y a même plusieurs scènes où Karen est vraiment contente de passer du temps avec ses enfants. 

Non, il n’a pas particulièrement voulu montrer que c’était possible. Il a surtout fait un récit de tranches de vie telles qu’elles sont. Et la façon dont nous vivons est assez différente de celles de couples japonais ce qui fait que même s’il avait voulu montrer que c’était possible cela n’aurait pas valu pour autant pour ceux qui le lisent. Car ils et elles vivent dans des circonstances différentes, souvent avec un homme qui passe beaucoup de temps dehors pour son entreprise, alors que chez nous, quand j’étais à l’AFP, c’était surtout moi qui étais à l’extérieur. Et même aujourd’hui, je suis souvent à des conférences de presse tardives ou en reportage durant deux ou trois jours d’affilée et il y a de nombreuses soirées où c’est lui qui doit s’occuper des enfants. Et cela va s’amplifier cet été si les Jeux olympiques ont effectivement lieu.

Ce nouveau manga est centré sur Karen qui arrive au Japon dans les années 1990 et découvre un monde qui a développé de nouvelles technologies. Elle est époustouflée. Pensez-vous que ce soit encore le cas aujourd’hui ? 

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© by Jean Paul Nishi / SHODENSHA Publishing CO., LTD., 2019

Pas du tout. Je pense que désormais le Japon est en retard sur le reste des pays plus ou moins riches et c’est très dommageable à la nation. Car autrefois ses avancées technologiques étaient une grande partie de sa force. C’est grâce aux techniques qu’il est devenu 2e puissance économique mondiale un quart de siècle après la fin de le Deuxième guerre mondiale, avant de perdre ce rang en 2010 au profit de la Chine. Désormais, c’est sa culture qui intéresse plus à travers le monde mais ce n’est pas suffisant pour garder sa place en Asie, surtout avec une population vieillissante et déclinante. Quand je relis ce que j’ai écrit il y a quinze ans sur le Japon et les technologies, plus rien n’est vrai. Je suis en train de mettre à jour mon essai Les Japonais, dont la première version a été écrite entre 2002 et 2008, et je me demande comment un pays a en si peu de temps réussi à autant perdre de sa vigueur. Je pense que la crise financière de 2007-2009 y est pour quelque chose, mais il y a surtout eu une totale absence de prise de conscience des évolutions ultra rapides dans le domaine logiciel et dans la numérisation de la part de la classe dirigeante à la tête du pays et des entreprises. C’est catastrophique.

 En France il y a eu et il y a encore des personnes que le Japon fascine. Avez vous un message à leur transmettre pour les inciter à lire le livre ? 

Il y a deux Japon, celui que l’on voit de l’extérieur, que l’on visite comme touriste, et dont on perçoit surtout les très nombreuses qualités: culture extraordinaire, gastronomie, respect des autres, hospitalité, politesse, ponctualité, propreté, sécurité, liberté de mouvement…

Et puis, il y a le Japon où l’on vit: il a de nombreuses qualités aussi et offre un cadre de vie très agréable, mais à condition d’être un citoyen sans problème, qui a un travail, de quoi vivre, n’a jamais commis d’impair, suit à la lettre toutes les consignes. Sinon, gare: ce peut-être totalement l’inverse. 

Et puis la classe politique japonaise est de moins en moins préoccupée par les citoyens que par sa propre survie au service de ses propres ambitions. Il n’y a aucune vision pour le pays. Quand on est journaliste ici et qu’on s’intéresse à la politique et à la société, on est hélas amenés quotidiennement à traiter ces aspects négatifs, et à voir hélas à quel point ils sont eux aussi nombreux. Mais c’est sans doute la même chose dans tous les pays. J’avoue que la pandémie actuelle tend plutôt à faire ressortir les aspects négatifs.

Pour vous plonger dans le manga et lire le premier chapitre, cliquez ici. Il est possible de commander le livre sur le site Kana, de l’acheter en librairie ou de le commander sur Amazon.

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HM – le 29 avril 2021

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