Lors du petit déjeuner de l’association Femmes Actives Japon du 8 octobre 2019, Rémi Scoccimaro a partagé différents éléments qui permettent de mieux appréhender la géographie japonaise. Que vous habitiez au Japon ou que vous soyez de passage, ils vous aideront dans votre compréhension du Japon.
Le parcours de Rémi
Rémi Scoccimarro est docteur en Géographie et aménagement du territoire, Maitre de conférences en langues et civilisation japonaises à l’université de Toulouse-Jean-Jaurès depuis 2008 et actuellement chercheur à l’Institut français de recherche sur le Japon (Maison franco-japonaise). Il travaille sur les mutations de l’espace urbain au Japon, les recompositions démographiques récentes, et les conséquences socio-spatiales du tsunami et de l’accident nucléaire du 11 mars 2011.
Il a notamment publié un livre passionnant : « Atlas du Japon, l’ère de la croissance fragile« , Paris, Autrement, 2018, qui vous permettra de rafraichir ou de consolider vos connaissances sur la population, la géographie, la géopolitique, l’économie et la société japonaise.
Pour aller plus loin : Rémi recommande également la lecture de l’ouvrage de Philippe Pelletier, « La Fascination du Japon : Idées reçues sur l’archipel japonais », Le Cavalier Bleu, 2018
Contraintes et atout du territoire japonais
Densité
Le territoire japonais présente aujourd’hui deux facettes très différentes :
- un axe métropolitain urbain Tokyo – Fukuoka qui peut se lire dans un espace plus large avec une continuité vers la Corée. Une ville comme Fukuoka est ainsi aujourd’hui plus tournée vers la mer de Chine et la mer jaune que vers le Japon.
- le reste du territoire comporte de très faibles densités de population. Dans ces zones, qui ont tendance à se dépeupler, des villages disparaissent. La forêt reprend alors ses droits, les bêtes sauvages s’approchent des zones habitées et peuvent menacer les villageois (c’est l’ « ensauvagement » des campagnes)
Le pays, sa taille et sa position stratégique
Le Japon, malgré sa petite superficie, contrôle de fait le Nord Est de l’Asie de part sa position géographique stratégique. Le pays constitue une barrière entre la Chine / Corée et le Pacifique avec son chapelet d’îles, d’Okinawa au sud à Hokkaido au nord (3 300 km du nord au sud du Japon).
Le réchauffement climatique devrait permettre l’ouverture de nouvelles routes maritimes entre le Japon et l’Europe ou les états Unis via le nord de la Russie. L’enjeu : un gain de temps et de sécurité considérable par rapport aux routes actuelles passant par le détroit de Malacca ou le canal de Suez.
Au Nord du Japon, contrairement à ce que pourraient laisser penser l’état des relations diplomatiques entre le Japon et la Russie, la présence de la Russie se fait sentir, Hokkaido est ainsi largement bilingue, avec ses nombreux panneaux en russe.
Les aléas naturels et l’eau
Pour mémoire, Tokyo est environ à la latitude de Tunis, et Sapporo (Hokkaido) à la latitude de Rome.
Le Japon est soumis à un ensemble d’aléas naturels impressionnants : tremblements de terre, tsunamis, typhons.
A lire également : Que faire en cas de typhons ?
Les fortes pluies entrainent des glissements de terrain meurtriers et la neige est très présente à Hokkaido et dans les régions montagneuses du nord de Honshu.
Ces aléas naturels ont paradoxalement contribué à doter l’île d’une fabuleuse richesse : l’eau.
L’eau douce a permis depuis toujours les récoltes, les déplacements et depuis l’ère Meiji le développement industriel. De nombreux barrages ponctuent les vallées japonaises, ce qui défigure d’ailleurs parfois considérablement les paysages des vallées reculées.
La présence de la mer a longtemps apporté une richesse halieutique sans pareille. Le mélange de courant froid et de courant chaud entraîne une biodiversité exceptionnelle. Par exemple, elle permet deux saisons de pêche des bonites. Malheureusement cette diversité est aujourd’hui remise en cause par une surpêche généralisée, et les poissons ont désormais disparu de la plupart des côtes.
Le saviez vous ? Le thon que vous dégustez au Japon vient aujourd’hui essentiellement du Chili ou de la Méditerranée.
Dernier aléa naturel, les volcans font également parties de la géographie japonaise (et expliquent que le territoire soit largement inhabitable, avec ses montagnes abruptes). Certains volcans encore actifs comme le Sakurajima sont surveillés.
Mais encore une fois, le danger peut se transformer en atout, car les sols riches en cendres constituent un terrain fertile. Certains savent en tirer partie, en cultivant par exemple des « navets géants » comme spécialité locale.
Les paysages
Le béton
Dans certaines régions économiquement pauvres, le soutien à l’économie locale passe par le financement de gros travaux. En particulier la consolidation des collines par des couvertures de bêton. Il n’est pas rare de croiser des murs de soutènement en béton dans les vallées plus reculées, de part et d’autre d’une route de campagne ou de montagne.
Le cas particulier du mur de protection anti-tsunami
Après le tsunami, il a été décidé de construire un mur de 15 m de haut le long de l’ensemble des côtes est du Japon. La protection est prioritaire sur l’esthétisme.
Même lorsqu’ils défigurent le paysage, ou s’ils privent les habitants de toute perspective sur la mer, les projets voient le jour, car la construction du mur contribue à dynamiser l’économie locale. Peu de villages sont épargnés…
Les forêts
Une partie significative du territoire, pentu et occupé par des forêts denses, est difficilement accessible à l’homme. Certaines forêts primaires subsistent même, comme par exemple sur l’île de Yakushima (archipel d’Okinawa).
La population du Japon
Le Japon des campagnes
Le Japon connaît des différences importantes entre le Nord et le Sud :
- Au Nord Est : Le Japon est agricole et continental, les familles vivent encore regroupées avec des foyers à trois générations
- Au Sud Ouest: les comportements sont plus individualistes, dans des villages qui vivaient traditionnellement de la pêche.
Le Japon des villes
L’hyper centre des villes connait un engouement certain. Les habitants reviennent habiter dans le centre, attirés par les services et la qualité de vie. Les femmes y sont en particulier libérées des contraintes de la vie de quartier traditionnelle.
Par exemple, dans le quartier central de Chuo, à Tokyo, des programmes immobiliers mariant résidences de luxe, immeubles d’habitation plus modestes et services de proximité se sont développés sur les polders de la baie, expliquant la forte croissance de la population dans ce quartier.
Dans ces nouveaux quartiers, qui facilitent le travail des femmes (crèches, proximité du lieu de travail) on observe des conséquences sociologiques inattendues : non seulement le taux d’emploi féminin est plus élevé qu’ailleurs, mais les taux de natalité sont également bien plus élevés !
Les tendances démographiques
Le taux de natalité est en train de remonter doucement au Japon. En réalité c’est la génération précédente qui a connu une baisse très importante de natalité, dont les conséquences se font toujours sentir aujourd’hui.
Les campagnes manquent particulièrement de femmes, qui partent habiter en ville plutôt que d’assurer les travaux pénibles des champs. De plus en plus de mariages sont organisés avec des Philippines (côté est) et des Chinoises (côté Ouest) qui connaissent les contraintes le savoir faire de ces milieux agricoles.
HM
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