Anne-Sophie Jouan Gros est psychopraticienne, expatriée ayant vécu en Inde, en Chine et à présent installée à Tokyo. Une question revient souvent : « Est-ce que l’expatriation fait apparaître des problèmes spécifiques ou est-ce qu’il y a des problématiques propres au pays d’accueil ? » Dans un « système » familial, dans un couple ou au travail, quand un des éléments du système va mal, c’est l’ensemble des acteurs du système qui doit s’adapter à cette souffrance en développant des comportements ou une façon d’être qui peut vite mettre dans l’inconfort. Membre du Réseau PsyExpat depuis sa création, Anne Sophie propose depuis peu des consultations à Tokyo ou à distance.
De nouveaux contextes d’apprentissage
En réalité, les personnes qui consultent viennent rarement pour des problèmes liés aux conditions de vie dans le pays d’expatriation (difficulté de communication due à la langue, vie en mégapole, éloignement de la famille et des amis, etc.) ; elles viennent souvent pour des problèmes soit transportés dans leur valise (pensant parfois les avoir laissés chez elles – hélas, souvent et paradoxalement la distance est un révélateur), soit naissants mais sans lien direct avec l’expatriation : ils pourraient avoir les mêmes en France ou ailleurs.
« Mais qu’en est-il aussi des problèmes dans les couples mixtes ? Et de ceux au travail, dans un pays où les normes au travail sont si différentes de chez nous ? » Ces problèmes, comme la différence de point de vue sur l’éducation des enfants, le poids de la famille ou de la belle-famille dans les décisions du quotidien, la fréquence des adultères, les licenciements, le harcèlement moral, etc., nous les retrouvons partout, avec des similitudes fortes avec d’autres pays d’Asie voire même ailleurs, y compris dans notre pays.
Bien sûr, le déracinement exacerbe aussi parfois certaines de nos fragilités. Il peut rendre difficile la mise en œuvre de nouvelles compétences sollicitées pour nous adapter ou régler les problèmes qui surviennent comme l’ouverture, l’empathie ou plus généralement les qualités de communication, la flexibilité, la gestion du temps et de nos priorités, l’organisation, l’autonomie, la capacité à faire des choix hors influence (notamment de la famille, qui peut peser davantage quand on vit dans son propre pays). Sans compter que nos modèles, nos croyances et nos valeurs sont elles aussi bousculées, challengées et qu’en parallèle, notre réservoir de connaissances se remplit vite, parfois trop vite pour certains.
Vivre expatriée peut parfois apparaître comme un très long processus d’apprentissage, plus ou moins facile. L’avantage à Tokyo est que nous sommes dans une grande ville, avec une communauté française bienveillante et généralement solidaire, des moyens de communication et de déplacement multiples, des services médicaux certes chers mais très proches de nos standards occidentaux et tant de choses à découvrir dans la ville et dans ses environs. Tout ceci est très positif, mais quand on va mal, on ne voit plus tous les atouts de l’environnement comme des ressources.
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La gestion de l’entourage
Lequel d’entre nous n’a pas entendu au moins une fois « Vous partez vivre au Japon, vous allez adorer, mais alors le retour, je vous dis pas… », « Vos enfants ont quel âge ? 2, 8, 14, oh la galère, surtout pour votre ado vous verrez », « Vous allez arrêter de travailler ? Remplissez vite vos journées sinon c’est la dépression qui vous guette… », « Votre mari va encore plus se déplacer qu’avant ? Hum… » ou « Vous venez seul, sans votre famille ? Oups, je crains le pire pour vous… ».
On peut constater aujourd’hui que ce sont précisément ces commentaires définitifs reçus par l’entourage qui peuvent parfois cimenter l’inéluctabilité de la prédiction. On appelle cela des prophéties auto-réalisatrices. Mais on peut aussi parvenir à anticiper ces mauvaises expériences ou à dépasser celles vécues, on a le droit de vouloir qu’elles ne nous empêchent pas de tirer profit de l’aventure qui se présente devant nous : à ce moment-là, les clés de la résolution d’un problème ne sont pas enfouies dans le passé, elles sont dans la façon dont nous percevons notre réalité et dans notre façon de réagir aujourd’hui. Pour reprendre la célèbre affirmation de Huxley : « La réalité n’est pas ce qui nous arrive mais ce que nous faisons avec ce qui nous arrive ».
Voir la réalité autrement pour changer
En fait, de quoi parlons-nous ? Du changement de contexte que nous apprenons à gérer et auquel nous nous adaptons continuellement au cours de notre nouvelle vie à l’étranger ! Et nous le savons tous, changer n’est pas naturel et c’est la raison pour laquelle nous commençons tous en général par résister, surtout quand le changement est imposé. Cette résistance au changement ne provient pas de soi personnellement (intrinsèquement) mais du contexte de la relation et de la nature des interactions dans son environnement. Et les problèmes commencent quand on voit le changement comme un but à atteindre et non comme un processus.
Quand on change de contexte de vie, on est rarement à l’abri de l’émergence de nouveaux conflits ou d’obstacles et le principal se trouve souvent, étonnamment, en nous- mêmes et dans la façon dont nous percevons la réalité. Or il n’y a jamais une réalité mais des réalités, celles de notre vie (ne sommes-nous pas ce que nous avons appris ?) que nous mettons à l’épreuve lors de notre expatriation. C’est notre manière d’interpréter les faits qui leur donne un caractère facilitant ou limitant pour sortir d’une situation qui pose problème. Nous vivons dans le monde tel que nous nous le représentons et c’est le regard que nous portons sur la situation ou sur l’autre qui va conditionner nos réponses pour engager un changement et trouver des solutions aux problèmes que nous rencontrons. Et quand le regard que l’on porte sur l’autre (ou sur soi) change, de nouvelles interactions en découlent et c’est un immense champ des possibles qui s’ouvre à nous. Produire et réussir un changement passe donc par changer notre regard, nos représentations et finalement ce sont moins les situations qui posent problème que les interprétations que nous en donnons.
L’approche d’Anne-Sophie
L’approche systémique, ou le modèle de Palo Alto (1950), développée par l’anthropologue anglais Gregory Bateson, a donné naissance au courant de la thérapie brève.
Ce modèle, appliqué à la relation d’aide, enrichi des apports de l’hypnose ericksonienne, des neurosciences, des thérapies orientées solution, offre une gamme de moyens d’action thérapeutique éprouvés dans le traitement des problèmes humains, de la souffrance et des troubles psychologiques.
Formée et certifiée par l’Institut Grégory Bateson à Paris et Liège, dotée d’une formation complémentaire en hypnose ericksonienne, forte de plusieurs années de pratique clinique, Anne-Sophie Jouan Gros accompagne les tempêtes de la vie et les traversées difficiles pour des personnes confrontées à des problèmes variés : troubles anxieux et de l’humeur, troubles obsessionnels et alimentaires, stress post-traumatique, addictions, relations parents-enfants, relations de couple, relations de travail difficiles, violence conjugale, hyperactivité, décrochage scolaire, harcèlement, burn-out, orientation ou reconversion professionnelle, etc.
En quoi cette approche diffère-t-elle de la psychologie classique ?
A la différence des approches de type analytique, l’approche thérapeutique dite thérapie brève systémique (qui est généralement classée comme sous ensemble des TCC-Thérapie Comportementale et Cognitive) met l’accent sur l’individu comme partie intégrante d’un contexte de relations (système dans lequel le comportement d’un élément s’explique bien souvent par le comportement d’un autre) et considère qu’une personne qui a des problèmes n’a pas tant besoin d’en connaître la cause que d’apprendre à penser autrement pour interagir différemment avec soi ou avec l’autre. L’originalité du procédé, « dépathologisant », tient au refus d’étiqueter le patient et se focalise sur les conséquences issues du problème. Au lieu de chercher à comprendre le symptôme (pourquoi ?) pour provoquer un changement, le thérapeute s’intéresse au « comment les choses se passent » et provoque un changement pour comprendre le symptôme, notamment en aidant le patient à retirer ce qui bloque le changement attendu. Cette démarche pragmatique présente l’avantage de ne pas avoir à s’engager dans un travail d’introspection de longue durée, pas toujours compatible avec l’expatriation. Il suffit parfois de peu de séances pour débloquer une situation pourtant bien installée.
Vous souhaitez consulter ?
Anne-Sophie Jouan Gros vous reçoit sur rendez-vous, dans le quartier de Yoyogi.
Thérapie ou coaching individuel, thérapie de couple ou familiale.
Contact : annesophiejouan@yahoo.fr
Des consultations à distance sont aussi possibles pour les français localisés hors de Tokyo.
HM & ASJG